LES MÉTAMORPHOSES DU MOI - PAR ELLE (II)

2 : La difficulté à être soi

Ce qui caractérise la vie humaine c'est le souci et son mouvement, le souci c'est le fait que notre existence est tissée par le temps et nous sommes pris entre nos désirs et notre impuissance. C'est à dire que nous avons des désirs qui sont comme des promesses de réalisations de soi, nous mesurons notre impuissance à les réaliser à travers le temps. Certains de nos désirs ne sont pas réalisables dans le présent ou nous ne pouvons pas les réaliser tous en même temps. Nous vivons donc dans leur mouvement d'agitation, nous sommes affairés. A cela s'ajoute l'angoisse de la mort, notre tâche est d'être nous même et d'accomplir nos désirs avant notre mort. Ce projet est difficile et peut provoquer de l'angoisse. Or, c'est justement là que le mouvement prend sens, l'angoisse est le moteur, c'est un réveil à la productivité et à l'accomplissement. Il ne faut pas craindre l'angoisse, elle nous rend présent à nous même. Elle nous ouvre à une vie libre et authentique. Pour connaître le bonheur, il est nécessaire de ne pas se fuir soi-même, il convient de prendre en charge notre tâche : construire un soi.


3 : La fuite de soi et son exempleLE DIVERTISSEMENT

Le fait d'être soi, d'avoir à être soi, est un poids sur les épaules. "Description de l'homme : dépendance, désir d'indépendance, besoin" c'est ce que dit Pascal dans son ouvrage Pensées. Il propose une solution à ce poids qu'est être soi, il s'agit du divertissement. Pour lui et son époque, le divertissement c'est la chasse, la séduction, la guerre et tous les jeux en société. Ce qui caractérise ces activités c'est qu'elles ont pour point commun de nous faire oublier les malheurs de notre existence. Le divertissement c'est la fuite de notre tâche à être nous.

Le piège du divertissement

Il nous détourne de nous-mêmes, il nous empêche d'être nous mêmes ou de le rester.

Prenons comme exemple la chasse pour illustrer ce piège :                 

 - Le chasseur affirme qu'il chasse le lièvre, il affirme qu'il veut un lièvre et il prétend que le meilleur moment de la chasse est quand il abat le lièvre et quand il revient avec. Ce qui excite le chasseur est le but de la chasse en lui même. Cependant, si on lui donne un lièvre, ce qu'il veut et prétend poursuivre, il refuse. Il affirme ensuite que ce qu'il aime c'est chasser. Il dit "j'aime mieux la chasse que la prise". Toutefois, si on lui propose de chasser dans une forêt où il n'y a pas de lièvre, il refuse.

Il y a quelque chose de contradictoire.

Comment Pascal l'explique ?

Le chasseur a l'illusion qu'il trouve son bonheur dans le repos de la prise. En réalité, ce qui le diverti, ce n'est pas le repos mais l'agitation. Le lien est à faire au début de cette deuxième partie. C'est dans inquiétude qu'il se diverti : le chasseur se divertie dans le tracas de l'activité de chasser, ce qui fait que nous oublions nos malheurs c'est le fait que nous ne voulons pas revenir sans prises, avec une défaite. C'est très surprenant de trouver du plaisir dans l'inquiétude, l'inquiétude ne créer pas un véritable bonheur. Pascal dit "Sans divertissement il n'y a pas de joie. Avec le divertissement il n'y a pas de tristesse". 

Le bonheur avec soi 

Pour trouver le bonheur, il faut être capable de rester soi-même, ne pas chercher à se perdre dans la curiosité ou en dehors de soi, ne pas chercher à s'agiter. Il faut surmonter notre souci et pour cela, il faut chercher le bonheur à l'intérieur de soi dans le repos. "Un homme heureux, c'est un homme qui est capable de rester tout seul dans sa chambre sans être triste". Se suffire à soi-même, qui ne cherche pas à se métamorphoser dans le divertissement.

Prochaine partie : LE TEMPS DU MOI PROFOND

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