Les métamorphoses du moi - Par Elle (III)
LE TEMPS DU MOI PROFOND
Support : Bergson.
1. Les différents temps de moi
Bergson fait une différence entre le moi superficiel et le moi profond. Le moi superficiel c'est le moi de tous les jours, en mode automatique tout comme la vie en "on" de Heidegger. Il s'agit du moi ordinaire, le moi qui se réveille par exemple : le réveil sonne et sans réfléchir, je vais dans la salle de bain pour me préparer. Il y a comme une croûte à la surface de nous-même et cette croûte est fermée par tous les avis qu'on nous donne. Souvent nous en restons à notre moi superficiel car il est considéré comme la simplicité. Autrement dit, le moi superficiel c'est ce qui cache notre véritable identité. Pour ce moi, il y a très peu de changements, nous pouvons prendre exemple du cadre de l'amour : l'impression d'aimer la personne comme le premier jour . En réalité, dans le moi profond il y a un perpétuel changement. L'amour que vous portez à cette personne n'est pas du tout le même que celui du premier jour, il est transformé et travaillé par le temps. Le moi profond est inscrit dans le temps. Il est inscrit dans la durée, ce qui veut dire qu'à chaque instant il s'enrichit et si à chaque instant il s'enrichit, ça veut dire que nous ne vivons jamais deux fois exactement la même expérience. Dans l'exemple d'une rupture amoureuse : on a l'impression de vivre la même chose à chaque séparation, de subir le même état. Mais Bergson dit que votre moi profond ne vit pas la même expérience.
Pourquoi donc ? Le moi profond a été transformé par la première rupture, quand la deuxième vient vous n'êtes plus la même personne.
L'état paradoxal :La paradoxe se trouve dans la réflexion : quand je reste moi-même au lieu de faire ce que les autres demandent, je découvre que le véritable moi s'enrichit à chaque minute.
Le problème que j'ai est de savoir si je peux, dans ma transformation perpétuelle, rester le même.
Le moi profond est imprévisible, il me fait parfois vivre des crises comme des révoltes. Par exemple : je veux prendre une décision et je suis en train d'hésiter, parfois il y a comme une sorte de révolte et je dis quelque chose d'imprévisible mais en même temps je sais très bien pourquoi je dis ça. C'est alors le moi profond qui a explosé la croûte du moi superficiel. Quand je prend cette décision, les autres vont dire que ce sont des décisions irrationnelles. Bergson répond : Peut-être mais tant mieux. C'est le signe que c'est un acte qui vient de notre identité, de notre personnalité . C'est le signe que c'est un acte libre. C'est à dire, plus vous faîtes quelque chose d'irrationnel, plus c'est votre personnalité qui parle.
